Manger cinq fruits et légumes par jour à Menton ? C'est facile avec nos marchés achalandés de nos célèbres agrumes : citrons et oranges, mais aussi en cet automne rayonnant avec nos kakis - fruits produits par nos arbres à tomates comme les appelent les Parisiens - et nos productions de l'arrière-pays ou des plaines voisines irriguées par nos rivières et fleuves.
La Tavina la célèbre marchande du marché avait une méthode bien à elle pour faire baisser les prix, tout comme Mamouth le supermarché disparu car "Mamouth écrase les prix" selon la réclame.
Sa plaque commémorative a oublié de retracer cet épisode connu des plus anciens Mentonnais et relaté par la Société d'Art et d'Histoire du Mentonnais qui recrute des élèves pour ses cours de Mentounasc.
Les plaques commémoratives une autre spécialité mentonnaise. il y en apartout, surtout depuis que notre maire aime faire parler de lui et graver dans le marbre blanc de Carrare chaque inauguration de parking, rond-point, trottoir,...
Un jour un blogueur recensera peut-être par défi les plaques de Menton.
Voici le récit de la Tavina :
TAVINA
Tavina era una frema de redriss : granna, grossa, fouarta ; quarant ‘anne e tout en mùscali ; un andament de grenadié ; un’andahura maestousa. Bouana lenga, se fasìa un piejé per pougne d’aquì, d’ailà. Atencian, noun carìa pa de trop i cercà rougna.
Prounta per douna d’ajutou, e lesta per stabelisà u prese. Tout e matì, anava à fa un virou en piaça per scrutinà u prese de ço que se vendìa. Passava davant e couarbe de marcancìe, gardeava e ‘tiquete, e s’ou pres i pareishava trope cà, aloura soun uelh s’acendìa, girava à squina ent’a païsana spaventàia, e s’assetava ent’e suque e un faijoùe. Boulegant dame fouarça, chacava, pistava, squissava tout, e mandava de sguije e de ralhe qu’a sentìa fint’au pouart. Car di qu’a natura avìa ben fach e cause en ri dounent una larguessa dau virou da talha e un tafanari qu’anava d’incantou per a soua fachenda ! Frucha e erbage qu’avìan n’etiqueta trope auta eran descouncanà sout’a massa da Tavina. E tantou pejou se foussan de toumate !
U païsà, pilhà de stourdimente, provavan ben de fa quarcaren, de issà a vousa, de levà a man, mà ço que pourìan fa couentra aquela màquina ? Tavina noun sentìa ren, n’audouravan ren, e countinuava ou sen camen, ou sen travalh de destruja-couarbe e de justìcia.
U cliente noun s’encalavan nan de fa couma éla, mà picavan de ma per a soua façan de fa. Dame aquesta metoda, Tavina arribava à stabesià u prese dou mercà de Mentan ! Un belou esempi per aquelu que gouvernan ou Païs ! Perqué noun serìa pa judicious de mountà un couarp spechiale de countrouluse ? N’en mancan nan que an toute ço que car per fa aquelou travalh ; ou pu difìchile da trovà n’ese pa ou t… mà a moùtria e a tola dura !
TAVINA
Tavina était une forte femme : grande, grosse, énergique ; quarante ans et tous ses muscles ; une allure de grenadier ; quand elle se déplaçait, on aurait dit un bâtiment en manoeuvre, lente et majestueuse. Forte en gueule, elle amusait par ses propos souvent piquants, mais elle était également redoutée, car il ne faisait pas bon avoir maille à partir avec elle.
Connue pour son dévouement, elle allait s’illustrer à nouveau avec la hausse des prix. Tous les matins, elle faisait son tour de marché, scrutait les étalages d’un oeil connaisseur et notait les prix. Elle passait dignement devant les corbeilles dont la marchandise à portée de toutes les bourses recevait son agrément. Mais, si le produit était trop cher, son oeil s’allumait, elle prenait sa respiration et tournait le dos à la paysanne apeurée, non pour lui montrer son derrière, mais pour s’asseoir dans les courges et les haricots ! Se trémoussant avec force, elle jouait du marteau-pilon, scandant elle-même ses mouvements par ses vociférations. Il faut dire que la nature l’avait, en cet endroit, pourvue de tout ce qu’il fallait et plus qu’il n’en fallait, pour cette tâche... écrasante. Son volume et ses sphères ne faisaient aucune grâce, et les fruits et les légumes coupables d’avoir affiché une étiquette trop élevée, expiraient sous sa masse. Et tant pis si c’étaient des tomates !
Au début, les paysans stupéfaits essayaient bien d’intervenir, de la menacer, de cogner sur elle, mais que faire contre un bulldozer ? Tavina n’entendait rien, ne sentait rien et poursuivait impavide son oeuvre de destruction et de justice.
Les autres acheteurs, les timorés, qui n’osaient en faire autant, l’approuvaient et l’applaudissaient.
Eh bien, croyez-moi, si vous voulez, avec cette méthode peu orthodoxe, Tavina arrivait à maintenir une certaine stabilité des prix ! Un exemple pour nos dirigeants ! Pourquoi ne pensent-ils pas à créer un corps spécial de contrôleuses ? Il n’en manque pas pourtant qui soient pourvues des attributs indispensables ; le plus difficile à trouver n’est pas le c... c’est le culot !
Etienne GIOAN